Le réalisateur de La Vie d’Adèle nous plonge au coeur d’un groupe de jeunes qui s’apprivoisent sous le soleil estival de Sète. Lumineux, prenant, dépaysant. En un mot : formidable.
« J’aime les choses simples ». Ces mots, ceux d’Amin (Shaïn Boumedine), viennent clore le chant 1 de Mektoub My Love. Et ils ne pourraient pas être plus appropriés pour qualifier la fresque de 2h55 que constitue ce sixième long-métrage d‘Abdellatif Kechiche. Oui, on vous voit déjà froncer des sourcils en voyant la durée du film et le nom du réalisateur, celui du controversé La Vie d’Adèle. Mais redescendez-les et détendez-vous. Car c’est tout ce qu’offre ce film : une formidable évasion qui ne repose sur rien de grandiloquent mais du vrai. Presque palpable.
Le pitch ? Difficile de le comprendre en regardant uniquement la bande-annonce, qui laisse se dérouler les séquences au son du tube dance « You Make Me Feel » de Sylvester. Été 1994. Amin, la vingtaine, revient à Sète où il retrouve son cousin Tony (Salim Kechiouche) et sa meilleure amie Ophélie (Ophélie Bau). La joyeuse bande rencontre les deux copines Charlotte (Alexia Chardard) et Céline (Lou Luttiau). Pendant près de 3h, on voit les couples se faire et se défaire, les corps se dénuder (un peu) et une jeunesse profiter de l’insouciance censée être la sienne.
Immersif sans être voyeuriste
Solaire, sensuel à souhait, dépaysant, immersif sans être voyeuriste, Mektoub My Love : Canto Uno nous fait entrer dans ce petit groupe avec une caméra qui se fait rapidement oublier. On est à la plage avec eux. On est au bar avec eux. Mieux encore, on est aussi en boîte avec eux lors d’un long passage qui sent bon les souvenirs de la discothèque de la zone industrielle de Palavas-les-Flots.
Sauf qu’ici nous sommes à Sète, mais peu importe. Car l’histoire contée par Kechiche est universelle. On en ressort bouleversé, rincé mais avec la fâcheuse envie de voir l’aventure se poursuivre pour nos héros. Oui, les 2h55 étaient finalement trop courtes. Ça tombe bien, un chant 2 a déjà été tourné et arrivera prochainement dans les salles. C’était notre « mektoub » (destin).